par Romain Heuillard
Le smartphone est devenu en quelques années l’appareil photo le plus populaire. 99 % des appareils photo vendus sont désormais des smartphones, selon les chiffres de Gartner et de la CIPA. Frédéric Guichard, notre CEO et CTO, a raconté à la conférence Electronic Imaging 2020 comment ils en étaient arrivés là, et comment ils comblaient l’écart de qualité d’image avec les appareils photo dédiés.
Pour commencer, alors que faire de la photo avec un appareil photo dédié demande des efforts (préparation, capture, transfert…), le smartphone a radicalement simplifié le workflow. Les utilisateurs de smartphones l’ont toujours avec eux et peuvent très facilement prendre une photo puis la partager instantanément. Cette praticité a indéniablement favorisé l’adoption rapide du téléphone pour la photographie.
Puis la popularité du smartphone a incité les fabricants à investir massivement pour améliorer les capteurs, l’optique et le traitement d’image. Dans sa conférence, M. Guichard a exposé les innovations grâce auxquelles les smartphones comblent l’écart avec des appareils photo tels que des reflex ou des hybrides plein format, malgré leurs capteurs vingt fois plus petits.
Dans cette course à la qualité, les progrès des composants sont indéniables : par exemple les smartphones ont largement profité de l’invention des capteurs rétro-exposés pour justement augmenter la taille des capteurs sans augmenter leur épaisseur. Mais les gains viennent surtout de l’explosion de la puissance de calcul qui a permis la mise en œuvre de puissants algorithmes de traitement d’image. Les corrections numériques ont progressivement permis de relacher de nombreuses contraintes, notamment au niveau de l’optique et la conception complète de la caméra a été revu dans son ensemble. Grâce au numérique, pour une photo, plusieurs clichés sont exploités pour à la fois compenser leur déficit de lumière et réduire le bruit, d’augmenter la dynamique et ou pour permettre un zoom sans focale variable, etc…
Résultat, les meilleurs smartphones sont aujourd’hui à peine moins bons que les meilleurs appareils photo à capteurs plein-format dans certaines situations. Si, en moyenne, les niveaux de qualité peuvent être comparés, les smartphones font cependant des erreurs : les algorithmes numériques génèrent parfois des artefacts avec les sujets en mouvement ou le bokeh artificiel, des couleurs anormales, des contrastes inesthétiques, etc, etc…
De ce point de vue, ils n’ont pas encore atteint le niveau de confiance qu’un photographe peut avoir avec son reflex numérique.
Un autre écart fondamental et qui est amené à se creuser est sur l’interprétation automatique de la prise de vue. Au-delà de la transformation numérique de l’appareil photo, dans les smartphones, c’est aussi le photographe qui est « progressivement numérisé ». Le smartphone va -lui-même- choisir l’instant, va décider d’éclaircir ou assombrir des éléments de la scène (ce que faisaient les tireurs d’antan), etc… C’est comme si un photographe assistant personnel était présent pour aider l’utilisateur de smartphone à faire une belle photo.
Aussi, les appareils photo dédiés n’ont pas dit leur dernier mot. A contrario, les appareils photo dédiés sont prévisibles et laissent la liberté aux Photographes. Ainsi, si les smartphones sont très doués pour capturer des souvenirs, « il y aura toujours ceux qui préfèreront un outil fiable pour raconter leurs propres histoires », conclut Frédéric Guichard.
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